Alors voilà, MrDeepFakes vient de tirer sa révérence après des années de polémiques. Si vous étiez passés à côté, c’était LE site de référence pour créer des deepfakes – ces vidéos truquées par IA où on peut faire dire n’importe quoi à n’importe qui. Sauf qu’évidemment, ça n’a pas mis longtemps à déraper vers des contenus… comment dire… pas très catholiques. Mais sa fermeture ne marque pas la fin des deepfakes, loin de là. D’autres solutions existent, plus légitimes cette fois.
Pourquoi MrDeepFakes a fermé
Lancé en 2018, MrDeepFakes comptait plus de 2 millions d’utilisateurs mais s’était rapidement transformé en zone de non-droit. Selon plusieurs études, plus de 96% des deepfakes en circulation concernent du contenu pornographique non-consensuel, et la plateforme représentait une part importante de cette production. Depuis plusieurs mois, les ennuis s’accumulaient : hébergeurs qui refusaient de renouveler, processeurs de paiement qui coupaient les ponts, pression juridique croissante. Le Royaume-Uni a adopté en 2023 une loi criminalisant spécifiquement la « nudité deepfake », plusieurs États américains ont durci leur législation, et les associations de défense des droits des femmes multipliaient les actions. L’asphyxie était inévitable.
Les alternatives gratuites pour créer des deepfakes
DeepFaceLab : la référence technique
DeepFaceLab reste l’outil de référence pour les utilisateurs avancés. Entièrement gratuit et open source, il offre des résultats de qualité professionnelle mais demande des compétences techniques solides. Il faut compter plusieurs heures, voire jours, pour maîtriser le processus d’entraînement des modèles. Une carte graphique puissante (GTX 1060 minimum) est indispensable pour des temps de traitement raisonnables.
FaceSwap : plus accessible que DeepFaceLab
FaceSwap propose une approche similaire à DeepFaceLab mais avec une interface légèrement plus conviviale. Également gratuit et open source, il inclut une interface graphique qui facilite la prise en main. Les résultats sont comparables à DeepFaceLab, mais les options de personnalisation sont un peu moins poussées. Parfait pour débuter dans le domaine.
Reface : le face-swap mobile
Téléchargement : App Store et Google Play Store
Cette application mobile gratuite permet de créer des face-swaps amusants en quelques secondes. Il suffit de prendre un selfie et de choisir parmi les templates proposés (extraits de films, clips musicaux). La qualité reste limitée et les résultats sont clairement artificiels, mais c’est parfait pour s’amuser entre amis. Disponible sur iOS et Android.
Avatarify : pour animer vos appels vidéo
Avatarify se concentre sur l’animation en temps réel de photos pour les appels vidéo. Gratuit et relativement simple à installer, il permet de « devenir » Einstein ou Mona Lisa pendant vos visioconférences. Les performances dépendent de votre matériel, mais ça fonctionne sur la plupart des PC récents.
Les solutions payantes plus accessibles
Synthesia : le leader des avatars IA parlants
Site officiel : https://www.synthesia.io
Synthesia domine le marché professionnel avec ses avatars ultra-réalistes capables de parler dans plus de 120 langues. Les tarifs vont de 30€/mois pour le plan personnel à 90€/mois pour les entreprises. La qualité est impressionnante et l’interface très intuitive. Idéal pour créer des vidéos de formation ou de communication corporate.
Hour One : sur mesure pour les entreprises
Hour One propose des services similaires à Synthesia mais avec une approche plus personnalisée. Les tarifs sont sur devis, généralement plus élevés, mais incluent un accompagnement complet. La plateforme permet de créer des avatars personnalisés à partir de quelques minutes de vidéo. Plutôt destiné aux grandes entreprises.
RunwayML : la suite créative complète
RunwayML va au-delà des deepfakes avec une suite d’outils d’IA créative. À partir de 15€/mois, vous accédez à la génération vidéo, l’édition par IA, les effets visuels automatisés. C’est moins spécialisé dans les face-swaps mais plus polyvalent pour les créateurs de contenu.
D-ID : spécialisé dans l’animation de photos
D-ID excelle dans l’animation de photos statiques. À partir de 5€/mois, vous pouvez faire « parler » n’importe quelle photo avec un réalisme saisissant. Très utilisé pour créer des mémoriaux numériques ou animer des portraits historiques. L’interface est simple et les résultats rapides.
Movio : avatars personnalisés pour créateurs
Movio (anciennement Synthesia) propose des avatars sur mesure à partir de 50€/mois. La création d’un avatar personnalisé nécessite environ une heure d’enregistrement vidéo, mais le résultat est bluffant. Populaire chez les YouTubeurs et formateurs en ligne qui veulent maintenir une présence visuelle sans être physiquement devant la caméra.
Elai.io : simplicité et tarifs dégressifs
Elai.io mise sur la facilité d’utilisation avec des tarifs dégressifs selon le volume de production. À partir de 25€/mois pour 15 minutes de vidéo, jusqu’à des formules entreprise illimitées. L’interface est particulièrement soignée et l’export possible en 4K. Bon compromis entre qualité et accessibilité.
Du côté des usages légitimes
Heureusement, cette techno a aussi des applications plutôt cool. Hollywood utilise déjà massivement ces techniques pour rajeunir des acteurs ou ressusciter numériquement des stars disparues. Netflix et Disney y investissent des millions pour réduire les coûts de post-production. Dans l’éducation, des startups développent des cours interactifs où vous pourriez « discuter » avec Napoléon ou Einstein. D’autres projets visent à aider les personnes ayant perdu leur voix à cause d’une maladie. Sans oublier la restauration audiovisuelle : films abîmés restaurés, séquences perdues reconstituées, doublages améliorés dans différentes langues.
La guerre contre les faux
Évidemment, les géants de la tech ne restent pas les bras croisés face aux dérives. Intel a sorti FakeCatcher, qui analyse les variations de flux sanguin dans les visages pour détecter les faux. Microsoft propose Video Authenticator, qui attribue un score de confiance aux contenus. Ces outils commencent à s’intégrer dans les plateformes sociales, mais bon, c’est un éternel jeu du chat et de la souris. Le problème, c’est que les créateurs de deepfakes utilisent les mêmes datasets publics pour contourner la détection. Google, Meta et consorts investissent des millions dans cette course technologique, mais chaque progrès dans la détection est rapidement contourné par de nouvelles techniques.