Imaginez un instant : après quinze ans à manier ses poings dans les rues de Kamurocho, la saga Yakuza décide soudain de troquer ses combats frénétiques contre un système au tour par tour digne des plus grands JRPG. Sur le papier, l’idée paraît folle. Dans les faits, Yakuza: Like a Dragon réussit l’impossible : réinventer complètement une franchise culte tout en conservant ce qui fait son charme unique.
Un nouveau héros pour une nouvelle ère
Exit Kazuma Kiryu, le légendaire Dragon de Dojima. Place à Ichiban Kasuga, un yakuza de rang modeste dont la loyauté absolue envers son patriarche va complètement chambouler sa vie. Après avoir purgé dix-huit ans de prison pour un crime qu’il n’a pas commis, Kasuga sort pour découvrir que son clan a disparu et que celui qu’il vénérait l’a trahi.
Ce qui aurait pu être un énième récit de vengeance devient quelque chose de beaucoup plus nuancé. Kasuga se distingue par sa personnalité à la fois loyale et excentrique, mue par une irrésistible envie de devenir un héros. Fan inconditionnel de Dragon Quest, il perçoit sa vie comme une grande aventure RPG, justifiant ainsi brillamment le changement radical de gameplay.
Le pari du RPG au tour par tour
C’est LE changement qui a fait trembler les fans : fini les combats temps réel à la Streets of Rage, bonjour les affrontements stratégiques façon Final Fantasy. Et vous savez quoi ? Ça fonctionne à merveille.
Le système de combat se présente sous la forme d’un tour par tour classique avec attaque normale, attaque spéciale, défense, utilisation d’objets et invocations. Mais les développeurs ont ajouté des subtilités qui rendent l’ensemble dynamique : timing défensif pour réduire les dégâts, utilisation automatique d’éléments du décor comme armes, système de faiblesses et résistances…
Le plus malin reste l’intégration des « jobs » ou classes. Oubliez le mage et le guerrier traditionnels : ici, on devient musicien, idole, garde du corps ou même… SDF ! Quand une attaque type SDF met un coup critique à un type en costard, c’est jouissif, comme le résume parfaitement un joueur.
Un monde vivant et des personnages attachants
Yokohama remplace Kamurocho comme terrain de jeu principal, offrant un cadre plus moderne pour cette nouvelle génération d’aventures. Les rues d’Isezaki Ijincho regorgent d’activités annexes, de quêtes secondaires et de ces petites folies qui font le sel de la saga.
Yakuza Like a Dragon est capable de vous procurer un fou rire comme des larmes aux yeux, de passer d’une blague à une situation des plus sérieuses, le tout en paraissant crédible. Cette dualité constante entre sérieux et décalage reste l’une des forces majeures de la franchise, et Like a Dragon ne fait pas exception.
Contenu gargantuesque et durée de vie
Préparez-vous à y passer du temps. Beaucoup de temps. Un contenu gargantuesque avec une histoire principale dense, des quêtes secondaires variées, le système « Part-time Hero » pour venir en aide aux citoyens, sans compter les multiples mini-jeux qui parsèment l’aventure.
Entre l’histoire principale, l’exploration, le farming d’expérience et de jobs, les activités annexes et les relations sociales à développer, comptez facilement 70 à 100 heures pour voir le bout de l’aventure. Un investissement conséquent qui en vaut largement la chandelle.
Performances techniques selon les plateformes
Sur consoles next-gen
PlayStation 5 : Deux modes d’affichage au choix favorisant la résolution ou le framerate, temps de chargement sensiblement réduits. Seul regret : l’absence d’exploitation des fonctionnalités de la DualSense.
Xbox Series X : Similaire à la PS5 avec un mode performance 1440p/60fps. Pas de version 4K/60fps native, ce qui peut décevoir.
Xbox Series S : 1440p/30fps ou 900p/60fps selon le mode choisi.
Sur consoles précédentes
Les versions PS4 et Xbox One s’en sortent honorablement, même si les temps de chargement plus longs peuvent parfois casser le rythme lors des nombreux combats aléatoires.
Ce qui fonctionne parfaitement
✅ La transition RPG : Un pari risqué transformé en réussite éclatante
✅ Ichiban Kasuga : Un protagoniste attachant et crédible
✅ L’humour : Toujours ce mélange unique de sérieux et de décalage
✅ Le contenu : Des dizaines d’heures d’aventure de qualité
✅ La traduction française : Enfin disponible et de très bonne qualité
Les quelques bémols
❌ Démarrage lent : Les premières heures peuvent paraître poussives avec des phases de gameplay en portion congrue
❌ Graphismes inégaux : Capable d’être magnifique en pleine nuit, banal en plein jour
❌ Caméra capricieuse : Un défaut récurrent de la série qui persiste
❌ Grinding parfois nécessaire : Certains passages obligent à farmer de l’expérience
Tableau récapitulatif
Critère | Note | Commentaire |
---|---|---|
Scénario | 18/20 | Complexe, prenant et bourré de rebondissements |
Gameplay | 16/20 | Transition RPG réussie malgré quelques longueurs |
Durée de vie | 19/20 | Contenu gargantuesque, des dizaines d’heures de jeu |
Technique | 14/20 | Correct sans être révolutionnaire |
Bande-son | 17/20 | Excellente, avec des clins d’œil 8-bit savoureux |
Notre verdict final
C’est le bon moment pour découvrir la série tout autant pour les habitués de la saga Yakuza que pour les néophytes. Yakuza: Like a Dragon représente exactement ce qu’on attend d’un reboot : suffisamment familier pour rassurer les fans, assez différent pour attirer de nouveaux joueurs.
Le passage au RPG aurait pu être un désastre. C’est finalement une renaissance. Les développeurs ont réussi à moderniser une formule vieillissante sans perdre l’âme de la série. Ichiban Kasuga s’impose naturellement comme le digne successeur de Kiryu, et son regard naïf sur le monde apporte une fraîcheur bienvenue.
Certes, il faudra s’armer de patience pour les premières heures un peu convenues, et accepter que le rythme soit différent de ses prédécesseurs. Mais une fois lancé, Like a Dragon devient addictif et offre l’une des meilleures expériences JRPG de ces dernières années.
Note finale : 17/20